Andrea Cantamessa, directeur des achats vin du groupe Eataly
« Pour nous, rien n’est plus important que de retrouver le contact direct avec nos clients ».
Andrea Cantamessa est le directeur des achats vins et spiritueux du groupe Eataly qui cumule 35 épiceries fines (dont 13 magasins en Italie) et une centaine de restaurants dans 14 pays. Chaque commerce offre des produits d’artisanat italien, une large cave à vin de plusieurs milliers de références et des restaurants mettant en exergue les spécialités de la botte. Les ventes de vins chez Eataly ont cumulé 3,5 millions de bouteilles en 2019, dont 2 millions en Europe.
Comment la crise a-t-elle impacté les ventes de vins d’Eataly au premier trimestre 2020 ?
Toutes les boutiques étaient ouvertes ; les marchés de produits frais et les rayons d’épiceries fines étaient accessibles, mais pas les restaurants qui se situent dans les boutiques. Le premier mois a été compliqué, mais nos ventes se sont renforcées à mesure que nous nous sommes rapprochés de Pâques. Le commerce en ligne s’est quant à lui développé de façon spectaculaire. Nous vendons globalement plus de vin aujourd’hui que l’année passée à la même époque.
Les boutiques Eataly sont présentes sur plusieurs continents. Cette tendance à la hausse a-t-elle été la même pour l’Europe que pour les États-Unis ?
L’Europe a guidé cette progression, avec une hausse de 10 % de nos ventes de vin du 1er janvier au 27 mai 2020. Aux États-Unis en revanche, nous enregistrons une baisse de 5 % de nos ventes de vin sur cette même période. Cela s’explique par le fait que les exportations et les transports ont été bloqués dès février par la crise sanitaire. Le groupe Eataly n’exporte pas directement vers les États-Unis, et la reprise se fait en fonction des importateurs, de la demande et des stocks disponibles. Les commandes en provenance des États-Unis et de l’Angleterre reprennent doucement depuis quelques semaines. Plus généralement, les exportations de vin italien recommencent doucement, à mesure que les marchés rouvrent peu à peu.
Vous disposez d’une centaine de restaurants dans vos boutiques. Ceux-ci ont rouvert en Italie dès le mois de mai, à différentes dates selon les régions. Comment s’est déroulé le redémarrage ?
La fréquentation de nos restaurants reste assez faible, car nous n’avons plus notre clientèle touristique ni notre clientèle d’affaires puisqu’une large majorité des gens demeure en télétravail. Elles peuvent constituer une part conséquente de la fréquentation de nos restaurants selon les lieux. À Milan par exemple, cela représente une perte de clientèle de près de 50 %, car il y a beaucoup de bureaux alentour. Cela s’ajoute aux règles sanitaires à respecter qui font que nos restaurants fonctionnent avec une capacité réduite.
Vos ventes en ligne ont progressé. À quelle mesure et comment encourager cela après la crise ?
Nos ventes en ligne ont connu une avancée spectaculaire de + 400 % sur cette période. En septembre, nous allons mettre en place un nouveau site de vente en ligne, avec l’objectif d’offrir 5000 références de vins italiens et aussi quelques crus français. Cependant, pour nous, rien n’est plus important que de retrouver le contact direct avec nos clients, nos collaborateurs et nos producteurs.