Paolo Bouca Nova, directeur des achats de la chaine de cavistes Le Repaire de Bacchus ;
« Pendant cette période, nous avons multiplié par 5 le chiffre d’affaires sur notre site internet. »
Le Repaire de Bacchus compte 40 boutiques centrées à Paris en région Parisienne. Comment avez-vous géré la crise ?
Les cavistes pouvaient rester ouverts, mais nous avons choisi de fermer nos boutiques les premières semaines. Nous ne voulions pas mettre en danger nos cavistes et nos clients, nous n’étions pas prêts et nous ne savions pas quelle ampleur la crise sanitaire allait prendre. Progressivement, nous avons demandé l’avis de notre personnel et sous quelles conditions ils pourraient reprendre l’activité et établi un plan détaillé sur les normes sanitaires et les gestes barrières à adopter. Nous avons rouvert nos boutiques le 14 avril et ces solutions seront actives au moins jusqu’à la fin du mois de mai.
Comment se sont orientées vos ventes en boutique et en ligne pendant le confinement ?
Une légère baisse en boutique est due principalement au fait que nos boutiques sont fermées le dimanche et le lundi, alors que normalement beaucoup sont ouvertes ces jours-là. Nos clients se sont beaucoup reportés sur la vente en ligne avec livraison à domicile quand nous étions fermés. Pendant cette période, nous avons multiplié par 5 le chiffre d’affaires sur notre site internet. Cet élan a continué, mais de façon moindre quand nos boutiques ont rouvert. Si on sent un frémissement réel pour la vente en ligne, à Paris, les gens sont malgré tout très attachés à leurs commerces de proximité qui ne sont pas près de disparaître.
Vers quels types de vins vos clients se sont tournés ?
En boutique comme en ligne, on a vu se dessiner plusieurs tendances. Nos clients ont favorisé les vins autour de 10/12 euros, alors qu’habituellement le prix moyen d’achat est plutôt autour de 15 euros la bouteille. Les gens boivent des vins plus modestes que quand ils reçoivent. Le côté festif a bien entendu été mis de côté, ce qu’évoque le Champagne dont les ventes ont baissé, alors que c’est l’une de nos spécialités. Le rosé s’est en revanche très bien porté. Il a fait beau, ce qui a incité les gens à en acheter et nous avons mis en place une opération caritative dès le 14 avril et qui se prolongera jusqu’à la fin du mois de mai ; pour toute bouteille de rosé vendu, un euro est reversé aux hôpitaux de Paris (AP-HP). Cela a aidé les ventes (nous avons vendu 3500 bouteilles de rosé sur 3 semaines) en encourageant les gens à faire un geste. Le rosé, c’est aussi la corde la plus sensible chez les vignerons, car ils doivent être consommés dans la saison, sur la fraicheur et l’intensité aromatique. Nous avons une large gamme de rosé avec une cinquantaine de références, dominée par la Provence suivie de la Corse, Languedoc, la Loire. Chez nous, c’est un rayon complet, pas un effet de mode.
Comment envisagez-vous les mois à venir ?
La réflexion de ces semaines est d’envisager mes approvisionnements. Nous avons du stock en champagne. Les gens ont envie de voir leurs amis, les diners vont reprendre et la consommation à domicile va être importante, au bénéfice des cavistes. Les consommateurs pourraient reporter leur budget sur les cavistes puisque les cafés et restaurants resteront fermés encore quelque temps. Les ventes de vin pourraient donc augmenter, en volume comme en valeur.